Dans la catégorie :
Publié le 15 Mai 2011

Bail dérogatoire : la preuve que le preneur est reste dans les lieux

À l’expiration du bail dérogatoire, le preneur ne peut être lié par un nouveau bail soumis au statut des baux commerciaux dès lors, qu’en l’état des pièces produites, il n’est pas établi qu’il est resté dans les lieux après le terme du contrat.

Il est rare qu’un bailleur revendique l’application du statut des baux commerciaux à l’égard d’un preneur signataire d’un bail dérogatoire de l’article L. 145-5 du code de commerce (jugeant, au visa du deuxième alinéa de ce texte, que lorsque le locataire est resté et laissé en possession au terme du contrat, il s’opère un nouveau bail dont l’effet est réglé par les dispositions statutaires, V. not. Civ. 3e, 22 janv. 2003, Bull. civ. III, n° 12).

Si tel était le cas en l’espèce, c’était toutefois pour mieux évincer le commerçant, par le biais de la mise en oeuvre de la clause résolutoire contenue dans la convention, à raison de défauts de paiement.

Le contentieux s’est focalisé sur le terrain de la charge de la preuve, le bailleur considérant qu’il incombait au preneur s’estimant délié de toute obligation à son égard, d’établir qu’il avait quitté les lieux à l’expiration du bail de vingt-quatre mois (il était en réalité co-preneur, les deux autres locataires s’étant maintenus dans les lieux).

Il a échoué, tant devant le juge du fond (Paris, 18 nov. 2009) que devant la cour régulatrice, laquelle a estimé que les juges d’appel n’ont pas inversé la charge de la preuve en estimant que le preneur n’était pas lié par un bail commercial, puisque, en l’état des pièces produites, il n’était pas établi que le locataire était resté dans les lieux au-delà du terme du bail dérogatoire.

Le pourvoi nous apprend :

d’une part, que les courriers envoyés par le bailleur au preneur à l’adresse des lieux loués six mois avant la date d’échéance du bail dérogatoire, et depuis lors, lui ont été retournés avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée » ;

– et, d’autre part, que le preneur ayant reçu un courrier à son domicile tel que figurant sur le bail, après expiration de celui-ci avait, dès réception, contesté l’interprétation de la situation par le bailleur.

Cour de Cassation, 3ème Chambre Civile, 6 avril 2011 n° 10-11846

Les derniers articles

Bail d'habitation

Congé donné par le locataire : le délai de préavis ne court qu’à la réception de la lettre recommandée par le bailleur

Si le bailleur ne retire pas le congé qui lui a été adressé par lettre recommandé avec demande d’avis de réception, le délai de préavis ...
Lire la suite →
Bail commercial

Cession du bail en liquidation et clause de solidarité inversée

Dans le cadre d’une liquidation judiciaire, la clause de solidarité inversée, qui rend le cessionnaire solidairement tenu des loyers impayés à la date de la ...
Lire la suite →
Bail d'habitation

Résiliation du bail d’habitation et trafic de drogues

Depuis le 15 juin 2025, la loi n° 2025-532 du 13 juin 2025 facilite la résiliation des baux d’habitation que ce soit un logement social ...
Lire la suite →